Jastra regarda un instant le barbare, puis se tourna de nouveau vers Kaherdin.
"Non, je ne lui fais pas confiance." répondit-elle à voix haute sans aucune gêne.
Pour la première fois, les yeux de Wulfgar, qui jusqu'à présent ne semblait pas s'offusquer du comportement de la rôdeuse, lancèrent des éclairs. Il s'allongea ensuite près du foyer, à même le sol, et ne dit pas un mot. Le prêtre haussa les sourcils et parla d'un ton détaché.
"Et je suppose que moi non plus. Ai-je raison?"
"Non, vous passeriez votre temps éveillé à prier, méditer, ou que sais-je encore, et vous ne seriez pas foutu de détecter le moindre danger."
Un silence gênant s'installa, puis chacun s'installa le plus confortablement possible avec le matériel dont il disposait. La demi-elfe s'assit sur une souche, un peu à l'écart, son arbalète dans les mains. Le feu était si faible que les compagnons ne semblaient en tirer aucune chaleur. Pour un adorateur de Kossuth, Torak n'était vraiment pas un spécialiste des feux de camp. De plus, venant de quelque part au Sud, il était peu probable qu'il soit habitué au triste climat du Nord Sauvage. Pourtant, emmitouflé dans sa couverture, il ne tremblait pas, et semblait attendre le sommeil avec sérénité. Sommeil qui gagna rapidement les aventuriers, les uns après les autres.
Zzz Zzz Zzz
Berganon sentit une sensation désagréable sur le côté, et réalisa bien vite qu'on le poussait du pied sans ménagement. Encore une attention délicate de la rôdeuse, semblait-il. C'est pourtant les sourcils froncés de Kaherdin qu'il vit en ouvrant les yeux. Torak était également debout et paré à l'action, semblait-il. Cependant, il n'y avait plus aucune trace de Wulfgar, ni de Jastra. Même le sac de cette dernière avait disparu.